Dimitri

Combattant et étudiant

Je suis né à Londres, où on y a vécu pendant un an avec mes parents. Après-quoi, on a déménagé à New York, Hong-Kong, puis enfin à Londres à nouveau, où j'y habite depuis 10-11 ans. J'ai un frère aîné, qui n'est pas venu en Suisse comme moi pour faire l'armée, et une sœur cadette qui vient tout juste de commencer ses études.

J'ai commencé des études en Angleterre, mais malheureusement je n'ai pas pu les poursuivre, ensuite il y a eu le COVID et pendant deux ans je n'ai pas fait grand-chose. Je me suis alors intéressé pour l'armée et j'étais en contact avec la personne responsable pour les suisses à l'étrangers qui souhaitent faire le service militaire.

Je ne veux pas me conformer aux stéréotypes mais à Londres, pendant mon temps libre, j'allais au pub boire avec mes amis et discuter pour le reste de la soirée. J’aime beaucoup les films donc souvent avec des amis on allait au cinéma regarder des films qui venaient de sortir.

Mon passe-temps préféré et mon seul vrai hobby est la course à longue distance. Je fais des courses de charité de 10 km pour la lutte contre le cancer. C'est quelque chose qui me tient à cœur.

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J'ai décidé de faire l'armée car j'en suis très passionné, mais je pense que si mon père n'avait pas autant parlé de son service militaire en France, l’idée ne me serait probablement pas venue à l'esprit. Mon père était lieutenant dans une compagnie de char en France. Comme l'armée m'intéresse beaucoup, je me suis informé sur la durée du service en Angleterre, France et Suisse, puisque j'ai ces trois nationalités. Le service en Angleterre dure trois ans. En France, c'est pareil. En Suisse, c'est quatre mois. Alors, je me suis dit que pour me faire une idée de l'armée, quatre mois étaient mieux que trois ans.

Je n'ai pas eu de journée informative. Je me suis surtout informé en ligne, donc je savais exactement que je voulais devenir fantassin. Ensuite, je suis venu en Suisse pour le recrutement et quatre jours après j'ai commencé l'école de recrue.

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Quand j'ai dit à mes amis que j’allais faire l’armée en Suisse, pas un seul d’eux a eu une mauvaise réaction. Au contraire ils étaient tous plus ou moins favorable à l’idée car ils voyaient que j’étais moi-même passionné et motivé à faire l’armée. Ils étaient quand même tristes de savoir qu'on n'allait pas pouvoir se voir pendant quatre mois. Sauf mes amis Bruno et Francesca qui eux habitent en suisse.

Je trouve que la suisse a un très beau paysage, mais je trouve que la météo est très folle, un jour il pleut des cordes, l’autre le soleil tape fort. 

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Une chose que j’ai remarqué à propos de la suisse pendant mon temps à l’armée c’est qu’elle est un pays très régional. J’entends souvent mes camarades se “moquer” (pas méchamment) de la provenance cantonale de chacun d'entre eux. 

Les premiers jours de mon ER, j'ai surtout eu du mal avec la langue. Ma langue principale est l'anglais et en famille on parle aussi le français de France. Ici, j'étais confronté au romand et ses expressions que je ne connaissais pas du tout. Alors je demandais toujours des explications et puis ça faisait aussi un moment que je ne parlais pas le français tous les jours. En dehors de tout cela, j'étais mentalement préparé au rythme militaire, au fait de se taire, de devoir toujours être en position de repos, de devoir s'annoncer et se désannoncer, quoi que cela m'ait pris un peu de temps à les faire comme il faut.

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Ma première impression des cadres et du monde de l'armée? Elle est mixte. Je n'ai pas vraiment à me plaindre, les points négatifs que j'avais, je me les attendais du monde militaire. Avec la plupart du matériel on se croirait dans une autre décennie, surtout si on doit utiliser la radio. Je trouve souvent que je galère à ouvrir et fermer les poches du harnais le plus souvent. 

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Et puis les sacs de combats, qui nous ont été fournis, a des lanières très fines et par conséquent il est moins confortables. Par contre, s’il y a une chose presque irréprochable dans l’armée suisse, c'est l’arme principal. Le FaSS-90 est facile à démonter et à remonter, il a très peu de recul et souffre très peu de dérangements. Sa seule faiblesse, c’est sa longueur, cela fait qu’on ne galère pas mal pendant le CML (combat de maison de localité). 

Concernant les cadres, le seul point négatif, c'est par rapport aux contre-ordres de nos sergents. On a par exemple, un sergent qui nous dit ce que nous devons faire et quelques minutes plus tard, lorsqu'il n'est plus là, un autre sergent arrive et nous dit que ce que nous faisons n'est pas juste. J'ai également trouvé que nos cadres gueulaient beaucoup.

Je me souviens très bien de mon premier congé de fin de semaine, car je suis tombé malade, du coup je ne suis pas vraiment sorti du lit ou de la caserne. Comme je n'ai pas de famille en Suisse, je vis à la caserne. Du coup, les weekends je les passe dans les alentours. Je vais au centre-ville, au bord du lac, j'appelle ma famille et mes amis, je rends visite à mon ami suisse allemand.

Deux choses m'ont vraiment marqué. La première est le lancer de la grenade. C'était très intéressant d'apprendre et mettre en pratique les prescriptions de sécurité mais surtout de complètement détruire une cible. C'était vraiment super. 

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La deuxième chose, qui m'a aussi rendu très fier, c'est lorsqu'on a reçu notre deuxième badge. Le premier badge on nous le donne en arrivant à la caserne, le deuxième on le mérite. C'était pendant un biwak, les sergents étaient à différents endroits et nous appelaient en à moi. On devait courir vers eux, faire des pompes, du gainage, puis ramper à travers les tunnels. J'étais épuisé mais très fière d'avoir mérité mon deuxième badge et d'avoir mérité par conséquence d'être un fantassin.

Une chose qui m'a déçu à l’armée, c'est malheureusement ma spécialisation. La spécialisation APE (Arme polyvalente à épauler) est très utile en réalité, mais puisque le RGW (Recoiless Grenade Weapon) est très cher et a utilisation unique, nous n’avons pas pu en utiliser un. En échange, nous utilisons des tubes réducteurs, qui ressemblent au RGW mais au lieu de tirer des rockets, ça tire des munitions traçantes. Donc malgré qu’on ait eu de très bons sergents, c’était 2 semaine de manipulation et de simulation pour pas beaucoup de payoff. Heureusement, qu’en tant qu’APE on a pu faire deux jours pour devenir utilisateur Fm (fusil-mitrailleur). Et en tant que spécialiste Fm, je peux vous dire qu’on a blasté pendant deux jours. C'était génial!

Quelque chose qui m'a aussi vraiment plu, c'est notre devise de section. Notre lieutenant il est vraiment très en ordre, il nous encourage même quand on ne fait pas les choses comme il faut. Je trouve qu'il est correct et il fait bien son boulot. Donc, j'ai vraiment aimé la phrase qu'il nous a dit: "acta non verba", c'est latin pour "les actions avant les mots". Sous cette devise, on y retrouve la camaraderie. On essaye toujours de s'entre-aider, par exemple, pendant un footing du matin, certains camarades avaient dû prendre le petit déjeuner très rapidement car ils avaient été de garde. Du coup, il y en avait qui avaient du mal à terminer la course, ce qui est normal quand on mange juste avant d'aller faire du sport. Alors on leur disait des mots d'encouragement et on leur mettait la main derrière le dos pour les pousser un petit peu et les aider. Grâce à cette camaraderie, nous avons tous pu terminer la course.

D'un côté, j'ai hâte que ça se termine pour pouvoir rentrer à la maison et enfin revoir ma famille et faire la fête avec mes amis. De l'autre côté, j'en serais aussi un peu déçu car j'aime vraiment tirer et en Angleterre on ne peut pas avoir d'armes, donc je ne pense pas continuer le tir ou pas beaucoup en tout cas. Je pense que je vais emporter beaucoup de points avec moi de cette expérience. Comme par exemple, le fait d'enfin bien faire mon lit, de me réveiller tôt, être plus sportif et discipliné. Si je vivais en Suisse, j'aurais bien aimé grader et devenir sergent.

Cyril

Aide et étudiant